Le département de l’Ariège fait face à son premier cas de dermatose nodulaire contagieuse bovine (DNC). Le foyer a été officiellement confirmé mardi 9 décembre 2025 dans une exploitation située à Les Bordes-sur-Arize, hors de la zone réglementée initialement établie autour des foyers détectés dans les Pyrénées-Orientales depuis octobre. Cette annonce a immédiatement déclenché une vive réaction dans le milieu agricole, en particulier au sein de la Coordination rurale de l’Ariège (CR09), qui s’oppose fermement aux mesures décidées par l’État et a organisé mercredi soir une mobilisation spectaculaire dans la commune.
Un arrêté préfectoral ordonne le dépeuplement du troupeau infecté
À la suite de la confirmation du cas, le préfet de l’Ariège, Hervé Brabant, a signé un arrêté préfectoral de déclaration d’infection (APDI).
Celui-ci impose, conformément à la réglementation européenne :
- Le dépeuplement total de l’unité de bovins où la maladie a été détectée.
- La création d’une zone réglementée de 50 km autour du foyer.
- Des restrictions strictes aux mouvements d’animaux.
- Un renforcement de la surveillance vétérinaire dans tous les élevages situés dans cette zone.
- La vaccination massive obligatoire des bovins dans le périmètre.
Ces mesures ont pour objectif, selon la préfecture, « d’empêcher l’installation et la dissémination de la maladie », dans un contexte où la DNC progresse en Europe depuis plusieurs années.
Une maladie virale animale, sans danger pour l’homme
La préfecture rappelle que la DNC :
- ne se transmet pas à l’être humain,
- n’affecte pas la sécurité alimentaire des produits (viande, lait, fromage),
- se propage essentiellement via des insectes piqueurs ou des mouvements d’animaux infectés.
Les éleveurs de la zone, eux, doivent mettre en œuvre une surveillance quotidienne de leurs troupeaux et signaler immédiatement toute suspicion.
La Coordination rurale 09 dénonce une “décision administrative aveugle”
Les mesures imposées par l’État ont provoqué un choc dans la commune de Les Bordes-sur-Arize, où 208 vaches Blonde d’Aquitaine doivent être abattues dans les prochaines heures.
Pour la Coordination rurale 09, il s’agit d’une catastrophe humaine et patrimoniale.
« C’est la vie d’un éleveur qui part en fumée, un troupeau exemplaire, des années de sélection, un patrimoine génétique unique », dénonce le syndicat dans un communiqué.
La CR09 estime que l’abattage systématique est une mesure “absurde et destructrice”, qui « ruine les élevages sans résoudre les problèmes sanitaires ».
Le syndicat affirme avoir mis en garde l’administration depuis les premiers foyers français, en privilégiant des mesures ciblées plutôt qu’un dépeuplement total.
Dès mercredi soir, la CR09 a lancé une mobilisation d’ampleur à Les Bordes-sur-Arize.
Des éleveurs venus de plus de huit départements d’Occitanie ont rejoint l’opération de soutien.
Les tracteurs ont été positionnés en barrage autour de l’exploitation, avec pour objectif assumé d’empêcher l’arrivée des équipes chargées d’opérer l’abattage.
Le syndicat affirme vouloir défendre « l’éleveur menacé et, au-delà, une profession entière », refusant que « des agriculteurs soient sacrifiés sur l’autel de décisions disproportionnées ».
Un contexte de tension nationale autour de la DNC
Depuis le premier foyer identifié en Savoie en juin 2025, puis l’extension dans le Sud du pays à l’automne, la DNC suscite inquiétude et crispation dans le monde de l’élevage.
Entre impératif sanitaire et conséquences économiques majeures, le sujet met en lumière des positions parfois difficiles à concilier.
Le préfet de l’Ariège insiste néanmoins sur la nécessité d’une vigilance totale et remercie les professionnels « pour leur engagement face à cette situation d’urgence ».
Et maintenant ?
La situation reste bloquée et sous tension à Les Bordes-sur-Arize.
Les prochaines heures seront déterminantes : soit l’État parvient à faire exécuter les mesures sanitaires, soit la contestation agricole s’amplifie, ouvrant la voie à un bras de fer délicat entre administration et éleveurs.
La Confédération Paysanne de l’Ariège, en soutien aux éleveurs, appele à se rassembler aujourd’hui, mercredi 10 décembre 2025 à Pailhès à midi. (Communiqué)




