“Vendredi 19 août, la consternation s’est abattue sur le groupement pastoral d’Urets- Bentaillou.
Ici à Sentein comme dans tout le Couserans (GP Oust, 2GP d’Ustou, GP Arreau, GP Taus-Espugues, GP Sentenac d’Oust…), pas un jour ne passe sans qu’un des 60 ours issus du plan de réintroduction n’attaque les troupeaux. Mais pour ces éleveurs chevronnés, l’impensable est arrivé : perdre 45 brebis dans un dérochement en une seule attaque, poussées par la terreur de l’ours dans un ravin.
Des années de labeur dévastées, livrées aux vautours. Un dérochement, cela n’existait pas avant la réintroduction de l’ours. Un cap a été franchi. Le pastoralisme est au bord du précipice.
Aucune clôture électrifiée, aucun gardiennage renforcé, aucun chien patou ne pourra empêcher les ours de précipiter les brebis dans des pentes, partout escarpées, de nos estives Ariégeoises.
Ce que le dérochement du Bentaillou nous dit, c’est que l’ère de la cohabitation passive est révolue.
Le seul décompte des brebis tuées par les ours a trop longtemps occulté la partie invisible de l’effort de cohabitation, supportée exclusivement par les éleveurs. Balayant le code de la santé au travail, il génère harcèlement et angoisses quotidiennes, vie familiale bouleversée, choc post-traumatique reconnu médicalement par la MSA, dépression, désolation et colère …
Au-delà de notre amertume à constater que l’Etat récolte ce qu’il a semé depuis 26 ans, notre sens des responsabilités et du devoir auprès des éleveurs nous enjoignent à être force de propositions.
Oui, des solutions existent. Oui les textes européens autorisent les états à la régulation active des ours quand aucune autre solution n’est envisageable, ce qui est le cas en Ariège, où tout a été tenté.
Madame la Préfète de l’Ariège, vous l’avez vu de vos yeux et entendu avec effroi au Bentaillou : la cohabitation entre l’ours et le pastoralisme est impossible. En votre qualité de représentante de l’Etat en Ariège, faites-en officiellement le constat, faites-le remonter à ces ministères parisiens si loin de la réalité du terrain et vous rendrez justice aux éleveurs.
Contre la dévastation du travail des éleveurs, contre les associations hors-sols qui font supprimer vos arrêtés d’effarouchement, pour défendre l’élevage transhumant et notre culture pyrénéenne, Madame la Préfète de l’Ariège donnez-nous des armes légales !”
Communiqué de presse du Président de la Chambre d’agriculture de l’Ariège, Philippe LACUBE.