REPORTAGE 🎙️ Installé dans un ancien magasin figé dans le temps, le musée des colporteurs retrace l’épopée méconnue de marchands itinérants partis des Hautes-Couserans pour sillonner le monde. Une aventure humaine portée par la passion d’une association de bénévoles qui a puisé son histoire dans les archives commerciales de la famille Souquet.
Soueix, petit village des Pyrénées ariégeoises, abrite un trésor patrimonial unique en France : le musée des colporteurs. Niché dans un bâtiment du XIXe siècle resté intact depuis sa fermeture en 1965, ce lieu raconte, à travers une scénographie minutieuse, l’incroyable épopée des colporteurs du Couserans, ces marchands ambulants partis vendre leur marchandise aux quatre coins de la France… et bien au-delà.
Le point de départ de cette renaissance patrimoniale remonte à 2005, lorsque les arrière-petits-enfants de Maurice Souquet, dernier propriétaire du magasin, font don du bâtiment à la mairie. Conscients de l’état de délabrement de cette grande bâtisse – ancien lieu d’habitation et de commerce – et n’ayant pas de descendants, ils souhaitent transmettre ce pan d’histoire locale. Dès l’année suivante, une poignée de bénévoles passionnés fonde une association pour sauver le lieu et imaginer un avenir à ce patrimoine figé dans le temps.
C’est en explorant les greniers du bâtiment que les membres de l’association font une découverte capitale : des milliers d’objets et surtout des archives commerciales couvrant plus de 150 ans, de 1811 à 1965. En lisant et analysant patiemment ces documents pendant une décennie, ils révèlent une histoire jusque-là largement méconnue.
Un véritable centre logistique de gros mondial : le amazon du XIXe siècle spécialisé dans les breloques et autres objets pieux
À l’origine de ce mouvement de colportage : la misère, et plus précisément une famine causée par une maladie de la pomme de terre au XIXe siècle. Face à la précarité, les habitants du Hauts-Couserans reprennent une tradition ancienne : le colportage. Mais cette fois, les départs se font plus longs, plus lointains. C’est là qu’intervient la figure centrale du musée : Maurice Souquet. Visionnaire, il organise le départ des colporteurs, leur prête la marchandise à crédit, assure la logistique et expédie les commandes où qu’ils soient. Grâce à lui, les colporteurs – souvent des femmes – peuvent vendre leurs produits (articles de piété, bijoux, lunettes, mercerie…) dans les campagnes les plus reculées.
Mais l’histoire ne s’arrête pas aux frontières françaises. Les archives révèlent que certains ont poursuivi leur route jusqu’en Algérie, alors département français, mais aussi jusqu’en Amérique du Nord et du Sud. Cette aventure humaine et commerciale s’étend sur trois générations de Souquet, et près de 130 ans d’activité.
Le magasin, construit en 1876, a survécu à l’arrêt progressif du colportage, causé par la modernisation, l’arrivée des routes et la multiplication des commerces. Il se transforme alors en épicerie de village, jusqu’à sa fermeture définitive en 1965. Fermé pendant quarante ans, le lieu est resté figé, intact, comme un témoin silencieux d’un monde révolu.

Aujourd’hui, le musée des colporteurs, porté par la même association de passionnés, invite le visiteur à remonter le temps. Entre les étals d’origine, les objets authentiques et la fresque historique reconstituée, on découvre une histoire à la fois locale et universelle, celle de la survie, de l’ingéniosité, de la solidarité… et du voyage.
Adresse : 14 Rte Louis Souquet, 09140 Soueix-Rogalle, France
Plus d’infos : sortir.azinat.com