INTERVIEW 🎙️Vincent Perez, président de la CAPEB Ariège, accompagné d’une vingtaine d’artisans du bâtiment, a été reçu par le préfet ce jeudi 18 décembre dans le cadre d’une mobilisation nationale du secteur du bâtiment. Une rencontre marquée par un geste symbolique et des revendications urgentes. Il est notre invité de la semaine
Une action nationale aux enjeux locaux
La colère gronde depuis plusieurs mois chez les artisans du bâtiment. Une vingtaine d’entreprises ariégeoises se sont rassemblées devant la préfecture pour faire entendre leurs préoccupations, dans le cadre d’une mobilisation orchestrée sur l’ensemble du territoire français.
« Si le budget n’est pas voté, pas de MaPrimeRénov’ en janvier« , alerte Vincent Perez, les conséquences seraient dramatiques : absence de travail, licenciements, voire fermetures d’entreprises dans le secteur du bâtiment.
Trois problématiques majeures
Au cœur des revendications figurent plusieurs dossiers critiques. La question des déchets du bâtiment pose un problème particulier en Ariège. Les entreprises autorisées à les accepter n’ont pas toujours la capacité d’absorber l’ensemble des déchets produits. Il arrive qu’un artisan puisse vider sa benne le matin, mais se voit refuser l’accès l’après-midi, les sites étant saturés. « Il ne faut pas mettre en cause les entreprises comme le Smectom, elles sont régies par une loi et n’ont pas le droit d’accepter plus que l’autorisation qu’elles ont« , précise le président de la CAPEB.
La profession réclame également l’application du seuil de TVA à 25 000 euros pour toutes les entreprises, auto-entrepreneurs compris. « L’État cherche de l’argent, qu’il vienne collecter la TVA là où elle est« , martèle Vincent Perez.
Enfin, l’horizon 2026 inquiète : hausse des assurances, des mutuelles, de la caisse des congés payés, modification de la loi Fillon sur les abattements… Le coût du travail va augmenter significativement. « Nos salariés ne toucheront pas plus, mais ils vont nous coûter plus cher« , résume-t-il.
Un oranger chargé de symboles
Plutôt que d’opter pour une manifestation musclée, la CAPEB Ariège a choisi la voie diplomatique pour cette première rencontre. « On n’est pas venus avec des gravats« , a plaisanté Vincent Perez auprès du préfet, qui avait récemment dû gérer la mobilisation agricole.
L’originalité de cette action ? L’offrande d’un oranger décoré avec tous les vœux des artisans du bâtiment ariégeois. « Quand il passera devant cet oranger, il faudra qu’il pense aux artisans du bâtiment », a souligné le président de la CAPEB, ajoutant toutefois : « Je ne dis pas que la prochaine fois, ce sera la même chose.«
Des situations dramatiques
Vincent Perez n’a pas manqué d’alerter le préfet sur la situation catastrophique de nombreuses entreprises. Encore cette semaine, deux plombiers et un maçon ont déposé le bilan. Il a invité le représentant de l’État à se rapprocher du tribunal de commerce pour constater l’ampleur de la crise.
Autre sujet d’inquiétude : la nouvelle possibilité de louer des logements classés G sans obligation de travaux. Les propriétaires qui avaient signé des devis vont-ils renoncer à leurs projets de rénovation ? Ces engagements pris risquent de s’arrêter du jour au lendemain.
Un préfet à l’écoute
Le préfet s’est montré réceptif aux doléances des artisans. Il a pris note des revendications et s’est engagé à les faire remonter, reconnaissant qu’elles étaient partagées sur l’ensemble du territoire national. Sur la question des déchets du bâtiment, sujet local sur lequel il dispose de leviers d’action, il a proposé une rencontre rapide.
La délégation a également pu échanger avec la sous-préfète chargée de l’économie, qui œuvre notamment pour accélérer les paiements des collectivités locales, souvent en retard et mettant en difficulté les entreprises du département.
À l’issue de cette rencontre, Vincent Perez se dit « plutôt optimiste« , tout en restant conscient que le chemin sera long. Après la préfecture, les artisans se sont rendus au rond-point de Tarascon pour témoigner leur solidarité aux agriculteurs, eux aussi en souffrance.




