C’est avec une profonde tristesse que nous apprenons le départ de Philippe Laguerre, connu sous le nom de plume Philippe Ward, écrivain, éditeur, homme engagé et passionné. Nous avions eu la joie de le rencontrer à plusieurs reprises (voir nos articles « Comuna 13 de Philippe Ward : Le livre de la semaine » et les archives d’Azinat.com consacrées à Philippe Ward). Nous adressons à sa famille, à ses proches, et à tous ceux qui l’aimaient nos plus sincères condoléances.
Philippe Ward était un auteur prolifique dans les domaines de l’imaginaire — polar, fantastique, fantasy — mais aussi un éditeur passionné, soucieux de faire vivre des œuvres qui, autrement, auraient pu rester dans l’ombre.
« Pour que mon village ne meure pas, il faudra que sa mémoire demeure. »
Philippe Ward
Né le 13 juillet 1958 à Bordeaux, Philippe Laguerre a très tôt été lié à l’Ariège, puisqu’il arrive dès son plus jeune âge dans le village familial de Gourbit. Il finit par s’installer à Pamiers en 1982. L’Ariège n’était pas seulement un lieu de résidence : c’était une partie de son identité. Un de ses credo le résume bien : « Pour que mon village ne meure pas, il faudra que sa mémoire demeure. »
Il possédait une immense culture littéraire : il était un « dévoreur de livres », collectionnant plus de dix mille ouvrages, explorant très tôt les genres qu’il appelait les « mauvais genres » (fantastique, polar, fantasy, etc.).
Parmi les œuvres qui restent marquantes :
- Artahe, le dieu Ours : son premier roman, très longuement mûri (l’idée lui est venue il y a une trentaine d’années), centré sur le mythe de l’ours dans les Pyrénées. Un roman très personnel, qui mêle amour profond des montagnes, mémoire familiale, histoire, nature.
- Comuna 13 : polar international situé à Medellín, qui mêle trafics, personnages forts, et une quête de sens à travers les destins de vies croisées.
- Manhattan Marilyn : thriller mêlant mystère, histoire vraie d’icône hollywoodienne, tension… et l’écriture énergique, visuelle, de Philippe Ward.
Outre ses romans, il a signé de nombreuses nouvelles, des recueils, des collaborations (notamment avec Sylvie Miller), et s’est engagé comme éditeur aux éditions Rivière Blanche, une maison qui donne vie à des œuvres de genres variés qui ne trouvent pas toujours de place dans les circuits les plus commerciaux.
Philippe Ward laisse derrière lui non seulement une bibliographie riche, mais aussi un modèle d’engagement : celui de l’enracinement dans le territoire, de la mémoire (familiale, locale, naturelle), ainsi que de l’ouverture à l’universel par l’imaginaire et la rencontre.
Il a contribué à porter haut la voix des littératures de l’imaginaire en Ariège — un département parfois perçu comme périphérique — et a montré qu’on pouvait y vivre pleinement, avec sens et ambition culturelle.
Chez Azinat.com, nous garderons le souvenir de nos rencontres avec lui : ces échanges passionnés, cette générosité, cette curiosité toujours vive.
À sa famille, à ses amis, à toutes celles et ceux qui l’ont lu ou entendu : que nos pensées les accompagnent dans cette épreuve.