INTERVIEW 🎙️Les élus des stations thermales, réunis au congrès national à La Bourboule, tirent la sonnette d’alarme face au projet de déremboursement massif des cures. En Ariège comme ailleurs, c’est tout un pan de l’économie et de la santé publique qui se retrouve menacé.Nous avons rencontré Dominique Fourcade, Maire d’Ax-les-Thermes et Florence Brutus en charge du Tourisme à la Région Occitanie qui témoignent ..
De retour du congrès des stations thermales à La Bourboule, Dominique Fourcade, maire d’Ax-les-Thermes, ne cache pas son inquiétude. « On est parti un peu serein, avec quand même quelques inquiétudes. Malheureusement, le temps du congrès, on a appris des annonces gouvernementales qui mettent à mal le thermalisme. »
Selon les informations dévoilées lors de ce rendez-vous national, le gouvernement envisagerait un déremboursement drastique des cures thermales : « On parlait d’un passage à 65 % pour les affections longue durée (ALD), mais là, c’est carrément tout le thermalisme à 15 % ! » s’indigne l’élu.
Pour Dominique Fourcade, cette décision serait « fatale » à la fois pour les curistes et pour les territoires. « Le thermalisme, c’est un outil de santé publique. Il rend un service médical de qualité, prouvé par des études, et il retarde les échéances fatales de l’Ehpad. Mais là, on va priver les plus pauvres de soins. »
On va puiser 200 millions dans les poches des pauvres pour les priver de santé.
Dominique Fourcade, Maire d’Ax-les-Thermes
Le maire d’Ax-les-Thermes alerte aussi sur le risque économique : « Chez nous, c’est 14 CDI, 24 équivalents temps plein, 2,7 millions d’euros pour la station, mais surtout 27 millions sur le territoire et 73 emplois. Si le déremboursement passe, tout ça part en fumée. »
Il dénonce une logique comptable « injuste » : « On parle de 200 millions d’euros d’économies. Une broutille, quand on donne 270 milliards aux entreprises sans contrepartie. On va puiser 200 millions dans les poches des pauvres pour les priver de santé. »
Et de conclure, amer : « S’ils passent ça par ordonnance, sans débat à l’Assemblée, ce sera un passage en force contraire à la démocratie. »
« Une médecine à deux vitesses »
Présente elle aussi au congrès, Florence Brutus, vice-présidente de la région Occitanie en charge du tourisme et du thermalisme, partage le même constat alarmant. « Cette tendance au déremboursement, on en parle depuis longtemps, mais cette fois, la musique est plus pressante », explique-t-elle.
Le projet ferait passer le remboursement des curistes en affection longue durée de 100 % à 65 %, et celui des autres curistes de 65 % à 15 %. « Si cela est adopté, on va très clairement vers une médecine à deux vitesses et une fracture territoriale. Toutes les personnes ne pourront plus recourir aux cures thermales, pourtant reconnues comme médecine préventive. »
L’élue régionale démonte également l’argument gouvernemental selon lequel les mutuelles pourraient compenser la baisse de remboursement. « C’est faux. Certaines le font, mais pas toutes, et tout le monde ne possède pas une mutuelle. »
En Occitanie, la menace est considérable : « Nous comptons 28 stations thermales, principalement en milieu rural ou de montagne. C’est une économie locale essentielle : 7 000 emplois induits. Nous sommes la première région thermale de France. »
Florence Brutus dit avoir échangé avec ses homologues d’autres régions : « En Nouvelle-Aquitaine comme en Auvergne-Rhône-Alpes, l’inquiétude est la même. Si le gouvernement va au bout, les conséquences sociales et économiques seront désastreuses. »
Un front commun pour sauver le thermalisme
Face à la gravité de la situation, les élus thermaux se mobilisent pour tenter de peser sur les décisions nationales. Tous réclament le maintien du remboursement actuel et un vrai débat parlementaire.
« On a tous les arguments scientifiques, sociaux et économiques pour défendre le thermalisme », insiste Dominique Fourcade. « Mais si on nous passe en force, ce sera la fin d’un modèle de santé publique et d’un pilier économique pour nos territoires. »




