Alors oui j’adore Blacksad, un personnage dans la parfaite tradition du privé en dehors des clous et sans ambition. Diaz Canales au scénario et Guardino au graphisme nous délivrent le 6ème numéro de la série.
A travers ses différentes histoires Balcksad aborde frontalement la mythologie américaine et il égrène les thématiques : dans Arctic-Nation, il parle des tensions raciales, de la corruption de la police et de la ségrégation, dans Âme Rouge il traite directement de la guerre froide, du maccarthysme et de la chasse aux sorcières dans les milieux intellectuels et culturels des États-Unis par les agents fédéraux, dans l’Enfer, le silence il présente le destin tragique d’un musicien de blues au milieu de La Nouvelle-Orléans, entre drogues, rites vaudou et trahisons et Amarillo prend la forme d’un road-trip solaire à travers les États-Unis qui convoque les écrivains de la Beat Génération, les grands espaces américains et les motards de L’équipée sauvage.
Ce coup-ci il reprend l’histoire des teamsters, le syndicat des camionneurs devenu célèbre avec la figure de Jimmy Hoffa et le chat détective se retrouve engagé par le président du syndicat des travailleurs du métro pour le protéger de la mafia. Là John Blacksad va mener une enquête qui s’avèrera particulièrement délicate… et riche en surprises.
Dans cette histoire pour la première fois conçue en deux albums, nous découvrons à la fois le quotidien des travailleurs chargés de la construction du métro dans les entrailles de la ville, mais également la pègre et le milieu du théâtre, contraste absolu entre l’ombre et la lumière, le monde d’en bas et celui d’en haut incarné par l’ambitieux Solomon, maître bâtisseur de New York. Il est donc question d’urbanisation galopante et de la transformation des grandes villes en mégalopoles, de l’évolution du monde et des méthodes avec le nouveau journalisme.
Dans ce dernier opus, les dessins zoomorphes de Guardino sont toujours aussi percutants, et le scénario de Canales aussi incisif, aussi on s’y retrouve complètement dans leur histoire et on en redemande. Ah et puis aussi, au détour d’une case, on arrive dans un tableau célèbre où notre détective et une belle figure de l’album se retrouvent dans un bar célèbre pour boire un coup. Génial. Vivement le volet suivant.
Par Dominique Mourlane,
libraire au Relais de Poche à Verniolle