Entretien avec le Président du Centre Régional de l’Enseignement de l’occitan (CREO)* Nicolas Rey-Bèthbéder.
Dimanche 17 février 2019, ce sont pas moins de 3000 manifestants (selon la police) qui se sont réunis pour protéger l’enseignement de l’occitan à Toulouse. Une manifestation organisée par le Centre Régional des Enseignants d’Occitanes de Toulouse (CREO), avec le soutien d’un nombre très important d’associations et d’élus de toute sensibilité.
Que dénoncez-vous dans la réforme Blanquer ?
La diminution du poids de l’option occitan et la suppression des moyens spécifiques pour l’enseignement de l’occitan à Toulouse. Sans moyens, clairement identifiés, pas de cours d’occitan !
Que reprochez-vous au ministre de l’éducation et à la Rectrice de l’académie de Toulouse ?
Je dénonce un double discours. En façade tout le monde est pour la diversité, pour la défense du patrimoine occitan. En réalité les moyens financiers protégés pour faire des cours d’occitan s’évaporent. En plus, le ministre Blanquer donne au latin un statut supérieur à l’occitan et a droit à un bonus. Les langues régionales, qui font partie « du patrimoine de la France » selon l’article 75-1 de la Constitution, sont encore une fois niées par l’éducation nationale. En vérité, il y a un certain mépris, ou en tout cas une forte incompréhension, à l’égard des élèves, des parents et des élus qui s’engagent pour l’occitan. Vu de Paris, l’Occitanie et l’occitan, c’est cette France périphérique lointaine, exotique et invisible.
Qu’attendez-vous de la part de l’État ?
Nous voulons trois engagements forts :
- Le rétablissement de moyens spécifiques pour l’enseignement de l’occitan ;
- Une égalité de traitement entre l’enseignement des langues régionales et le latin-grec au lycée ;
- Une loi, d’ailleurs promise par le Président de la République en 2018, pour garantir et promouvoir l’enseignement des langues régionales de France.
Quelles sont les valeurs portées par votre slogan ? : « Pas d’Occitània sens l’occitan !»,
« Pas d’Occitanie sans l’occitan » ça veut dire que, comme le rugby, la basilique Saint-Sernin ou encore la gastronomie, l’occitan est un marqueur essentiel de l’identité de notre région. Notre slogan doit interpeller le gouvernement qui cherche à renouer un dialogue avec ses terroirs. Les collectivités territoriales, plus proches des citoyens, ont compris l’importance de l’occitan.
L’occitan porte des valeurs de convivialité, d’amour, d’égalité homme-femme. Nous pouvons en être fiers. Oublier l’occitann’est pas un signe de modernitémais une perte de substance.
En cette année internationale des langues locales,célébrée par l’UNESCO, le gouvernement doit tenir les engagements d ‘Emmanuel Macron, du 28 juin dernier, qui a déclaré à Quimper : « Les langues régionales jouent leur rôle dans l’enracinement qui fait la force des régions. Nous allons pérenniser leur enseignement ». Il faut que le message du Président de la République arrive au ministre de l’éducation J.-M. Blanquer .
Communiqué de presse du CREO de l’académie de Toulouse
*Créé en 1969, le Centre Régional des Enseignants de l’Occitan (CREO) réunit les enseignants du premier degré, du second degré et de l’université de l’enseignement public de l’académie de Toulouse (8 départements à l’ouest de la région Occitanie). Le CREO de l’académie de Toulouse est fédéré dans la FELCO (Fédération des Enseignants de Langue et de Culture Occitane)