Alors qu’un tiers des dirigeants ariégeois a plus de 60 ans, la Chambre de commerce et d’industrie intensifie son action en matière de transmission. À Pamiers, une réunion d’information organisée par la CCI et la CCPAP a réuni cinquante chefs d’entreprise pour sensibiliser cédants et repreneurs à un enjeu crucial : préserver l’emploi et maintenir le tissu économique local.
Anticiper la relève pour sauver l’emploi local
« La CCI s’engage depuis de nombreuses années sur la création et la transmission d’entreprises », rappelle d’emblée Josiane Gouze-Fauré, présidente de la CCI de l’Ariège. Lundi 1er décembre, dans les locaux de la Communauté de communes des Portes d’Ariège Pyrénées (CCPAP), à Pamiers, une cinquantaine de chefs d’entreprise assistaient à une soirée dédiée à la reprise, mêlant experts et témoignages.
L’enjeu est de taille : 35 % de la population ariégeoise a plus de 60 ans, et 450 des 2 586 établissements du département sont aujourd’hui dirigés par des entrepreneurs qui s’approchent de la retraite. « Il va bientôt être temps de vendre pour beaucoup d’entre eux, explique la présidente. Notre rôle est d’accompagner autant le cédant que le repreneur, pour éviter la disparition d’entreprises et préserver l’emploi en Ariège. »
La mission est pilotée par Joëlle Rolland, responsable du service Transmission à la CCI, qui suit les projets de bout en bout. Et le message est clair : une transmission s’anticipe, souvent un an à un an et demi avant la cession effective. « On ne peut pas décider cela trois mois avant », insiste Josiane Gouze-Fauré.
La reprise, un choix longuement mûri
Parmi les témoins entendus à Pamiers, Emmanuel Rougé, ingénieur de formation, ancien cadre du groupe Eiffage, aujourd’hui dirigeant de Clarac Espaces Verts à Pamiers. Il a repris l’entreprise il y a deux ans, après avoir longuement hésité entre créer sa structure ou en racheter une.
« On cherche toujours à anticiper, à se rassurer. Mais tant qu’on n’est pas dedans, on ne connaît pas vraiment le corps de l’entreprise », confie-t-il. Avant de choisir Clarac, il a étudié « plein d’autres sociétés », un processus qui lui a permis de définir précisément son projet. « Je ne regrette absolument pas. La structure correspond à mes attentes. »
Questionné par Eric d’Azinat TV sur la nécessité de l’expérience avant de se lancer, il nuance : « Je ne sais pas si elle est indispensable pour tout le monde, mais pour moi, oui. Mes métiers précédents m’ont donné une vision large de l’entreprise. C’était le bon moment. ». Amhed Kout repreneur d’ETI que nous avions interviewé sur le salon du SIANE, témoignait également lors de cette soirée
Un accompagnement renforcé face aux obstacles
La CCI observe une dynamique soutenue : en 2025, 50 dirigeants ont sollicité un accompagnement pour transmettre leur entreprise, tandis que 71 annonces ont été publiées sur la bourse d’affaires, générant 226 demandes d’information.
Mais plusieurs freins persistent :
- la valorisation, souvent éloignée entre ce que souhaite le cédant et ce que le repreneur est prêt à payer ;
- la formation, car beaucoup de candidats ne disposent pas du bagage entrepreneurial nécessaire ;
- certains secteurs en tension, comme la restauration, où les reprises se font plus difficiles.
Pour répondre à ces défis, la CCI s’appuie sur des partenaires comme le Campus Purple, qui propose un parcours de formation complet pour futurs repreneurs.
Des collectivités vigilantes : Pamiers en première ligne
Pour les collectivités, l’enjeu territorial est majeur. La Communauté de communes des Portes de l’Ariège estime cet accompagnement « primordial ». À Pamiers, la transmission des entreprises s’inscrit dans un contexte plus large d’actions de revitalisation du centre-ville, essentielles pour soutenir le petit commerce.
Josiane Gouze-Fauré insiste : « Nous avons de belles entreprises en Ariège, notamment dans ce triangle d’or que forment Pamiers, Saverdun et Mazères. Des repreneurs viennent de l’extérieur et sont enchantés par notre territoire. Il faut que ces entreprises restent ici. »
Un enjeu économique stratégique
Dans un département marqué par le vieillissement de ses dirigeants, la transmission n’est pas seulement un sujet entrepreneurial : c’est un enjeu d’attractivité, de maintien d’activités et de sauvegarde de l’emploi.
La CCI entend bien poursuivre cette mobilisation. Avec un objectif simple, répété comme un mot d’ordre : ne pas laisser disparaître les entreprises ariégeoises et assurer la relève, dans de bonnes conditions, pour perpétuer la dynamique économique du territoire.




